L’église St Rémi de Courlay – les retables
C’est de la Place de la Solidarité, près de la salle des fêtes et dans la lumière d’un après-midi ensoleillé que le visiteur pourra le mieux admirer l’église de Courlay, solidement ancrée sur une hauteur, bâtie au milieu du bourg, trapue, austère, telle une forteresse, édifice mi-gothique, mi-roman dont le clocher carré domine les maisons alentour.
Traversant la place aménagée sur l’ancien cimetière transféré en 1900, et agrémentée aujourd’hui d’une belle fontaine où l’eau tombe en cascades sur des chirons de granit, il faut remarquer :
- le clocher carré à deux petites baies sur chacune de ses faces (11e et 12e siècles),
- à l’est, le grand mur du chevet de l’église,
- sur la façade nord, une petite tour rectangulaire qui s’appuie sur le clocher et abrite l’escalier en pierres qui permet l’accès aux cloches,
- sur la façade méridionale, la tourelle coiffée d’un clocheton en ardoises, les modillons de la corniche, une petite porte en haut de quelques marches, et le portail roman ou grande porte.
Entrant par ce portail à simples voussures, le visiteur est saisi par le contraste de la porte romane basse et sombre et la partie gothique vaste, élancée, bien éclairée par la lumière des vitraux et de la rosace, et impressionné par les retables du chevet.
Les murs de la nef romane accusent un fort dévers. Détruite au Moyen-Âge, la voute a été remplacée par un plafond.
Avançant du fond de l’église on arrive au transept que l’on appelle « coupures » à Courlay et qui marque le passage du roman au gothique. Il faut remarquer au nord, le gros pilier qui supporte le clocher roman dans lequel ont été installées trois cloches, en 1863 et 1874.
Les nefs gothiques
Les trois nefs qui retiennent l’attention datent d’une reconstruction du 15e siècle qui suivit la guerre de Cents Ans. Elles appartiennent au style gothique angevin ou Plantagenêt, caractérisé par des voûtes sur une croisée d’ogives soutenues par huit nervures qui se croisent au niveau de la clé de voûte. Ces voûtes reposent soit sur des piliers de granit ou de pierre de Lourdines. Les voûtes sont en pierres ou en briques. Dans le chœur, la clé de voûte est sculptée de trois fleurs de lys.
Les vitraux
Réalisés en 1950 par le maître-verrier Degas, de Mortagne sur Sèvre, à l’occasion du jubilé sacerdotal de l’abbé Margenaître, curé de Courlay de 1913 à 1954, ils forment un très bel ensemble dont les thèmes s’enracinent dans la Foi, l’histoire de la France, du Poitou et du Bocage ; les vitraux de la nef romane rappellent notamment le martyre de François-Joseph Texier et le massacre des femmes du Pied du Roy en 1793.
Les retables
Le retable monumental en pierre polychrome que l’on admire aujourd’hui a été réalisé au milieu du 18e siècle dans le style baroque, art festival dont le but est de raconter la gloire de Dieu, de mettre en valeur l’Eucharistie et le rôle du prêtre.
Les trois retables, St Rémi, St Joseph, la Ste Vierge sont de belle exécution en pierre avec des colonnes d’ordre corinthien surmontées de dés de raccordement, des entrelacs, des rosaces, de grosses fleurs, des fruits, des draperies, des nœuds de rubans, des angelots, des pots à feu… « Nulle part ailleurs nous ne retrouvons cette habileté à plisser des rubans, à sculpter un décor aussi gras qu’irréel » (Abbé Blomme). Le retable du chœur est encadré par les statues de St Pierre et St Paul. Au centre, le bas-relief en pierre, installé en 1880 pour remplacer un tableau en mauvais état représente l’apparition du Sacré-Cœur à Ste Marguerite Alacoque à Paray-le-Monial en 1673.
En haut du retable, sous la rosace dont l’harmonie des couleurs éclaire la nef centrale et le chœur, très belle statue de St Rémi, patron de Courlay, sous le socle de laquelle, discrète, une colombe rappelle aux chrétiens la présence de l’Esprit Saint dans l’église.
L’autel central (1973-1986) repose sur un socle garni de pierres de granit, s’harmonisant ainsi avec l’ensemble de l’édifice.
Le tableau du sacrifice est en pierre blanche de Chauvigny.
L’autel de la Ste Vierge (nef latérale nord) date de 1868. Le très beau bas-relief représentant l’Annonciation a été sculpté à Poitiers.
La décoration de la porte du tabernacle de cet autel s’inspire de l’Apocalypse.
A l’autel de la nef méridionale, une fresque représentant la dernière Cène provient de l’ancien autel central (1972).
Inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques, l’ensemble du retable a été restauré en 2008-2009, retrouvant ainsi une « allure flamboyante, des polychromies vives et lumineuses ».
A remarquer aussi :
- plusieurs dalles de la nef centrale, anciennes pierres tombales (17e siècle) avec des blasons, épées, calices, inscriptions, inscrites aussi à l’inventaire des Monuments Historiques,
- les ambons, panneaux de bois sculptés représentant le Bon Pasteur et l’évangéliste St Mathieu, qui proviennent de la chaire supprimée en 1972,
- quelques sculptures sur des piliers (clocher et chœurs),
- un beau Christ en croix au milieu de l’église,
- dans la nef romane, une statue de St Isidore, patron des agriculteurs,
- une Pieta (18e siècle) dans la chapelle méridionale du transept,
- la petite porte qui conserve la trace des Inventaires de 1906.
Construite, endommagée, incendiée (guerre de Cent Ans, guerres de Vendée), mutilée mais toujours réparée, restaurée, embellie, elle est le témoignage, à travers les siècles, de la Foi de toute une population qui a su faire de son église, une des plus belles de la région.
L’église de Courlay mérite qu’on s’y arrête pour faire mémoire d’une histoire millénaire, pour admirer la superbe partie gothique et ses retables et, peut-être… pour prier.
Avec l’aimable autorisation des auteurs de cet article, Messieurs François BERTRAND et Jean-Luc JOUBERT
Clichés de Jean-Luc JOUBERT