Le train à Courlay

Le train à Courlay

Dans notre petite histoire locale, l’arrivée du train fut un moment important pour le développement du commerce et de l’agriculture ainsi que pour les mouvements de populations, mais finalement cette histoire du train  aura été très brève.

 Il faut savoir qu’au début du XIXe siècle la France est un pays essentiellement rural ; c’est encore plus marqué dans notre région où les échanges sont limités et les communications se font dans la lenteur, l’inconfort, la cherté de la traction hippomobile. Ainsi dans un rapport du 13 mai 1800 Le préfet Dupin insiste sur la quasi-impénétrabilité du bocage :  « Les meilleurs chemins de plaine se transforment, à leur entrée dans le Bressuirais schisteux, en voies impraticables. Ces voies serpentent, à travers champs et bois, tantôt rétrécies et creusées, tels des fossés entre les talus. Les bourgades tapies parmi les arbres, les fermes cachées au fond des vallées ne communiquent entre elles que par des chemins au tracé capricieux, où l’étranger se perd, à moins qu’il ne s’y embourbe… Les bocains n’ont aucune communication avec les villes n’ayant pas besoin d’elles pour vendre leurs bestiaux.»

En 1842 une loi définit les règles d’exploitation des chemins de fer et détermine les lignes à construire, rapidement le réseau se constitue en étoile au départ de Paris vers les grandes villes.

En 1870 à la fin du second empire le réseau sera de 17 000 kms. La couverture du territoire se poursuivra régulièrement pour atteindre 40 000 kms à la veille du premier conflit mondial.

 C’est seulement autour de 1854 qu’on commence à parler de lignes de chemin de fer dans notre région, alors que les villes de Niort, Poitiers et Nantes sont déjà reliées à Paris. Le triangle compris entre ces trois villes est appelé  « le triangle des pauvres ».

Les premières études concernant la ligne de la Possonnière (proximité d’Angers) à Niort ont commencé en 1857, elle a été concédée à la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans et elle a été reconnue d’utilité publique le 05/06/1861.

La section la Possonnière-Cholet a été ouverte le 24/09/1866 et celle de Cholet-Niort en passant par Bressuire et Courlay le 28/12/1868. A Courlay la longueur de la voie est de 4212m50 depuis la commune de Terves jusqu’à la commune de Saint Jouin de Milly. (La gare de Bressuire, construite par la Compagnie d’Orléans, est mise en service à la fin de 1868 et agrandie en 1872).

Les travaux sont source de dérangement. Il y a l’expropriation de nombreuses parcelles, les chemins sont souvent coupés par les voies ferrées, ces travaux sont bruyants car la voie s’ouvre avec l’explosion de nombreuses mines. En outre, la construction attire une foule d’ouvriers de provenances diverses ; une masse de personnes venant de différentes origines, marquée par la pauvreté et la précarité. A cette époque l’arrivée du train comme partout a provoqué de très nombreuses réclamations souvent notées dans les registres municipaux. Le tracé de la voie provoquait inévitablement une modification des habitudes en même temps que celles des chemins et des parcelles…

 Sur notre commune, en plus de la construction de la gare et des trois maisons de gardes-barrières, de nombreux travaux et ouvrages d’art ont dû être réalisés pour creuser ou surélever la voie, pour permettre l’écoulement des ruisseaux, ou encore pour conserver les passages routiers. A proximité des ponts, de longs murs de soutènement ont été montés en pierres sèches et pierres de taille afin de prévenir les glissements de terrain. A Courlay, il y a deux ouvrages d’art routiers, le pont de l’égarère à la limite de Terves et le pont du centre bourg ; il y a aussi un ouvrage d’art ferroviaire à la grange au-dessus de la départementale 175. En plus il faut ajouter les fossés creusés le long des voies, souvent empierrés, ainsi que les petits tunnels nécessaires à l’écoulement des eaux.

Dans notre département à dominance rurale et peu industrialisé le chemin de fer est vecteur de l’idéologie du progrès et des idées républicaines. C’est une période d’expansion de l’agriculture, le train fait circuler de pleins wagons de chaux afin d’amender les terres ; il permet l’exportation des animaux qui sont conduits dans les gares à partir des foires.

Les industries locales se développent comme dans le nord-est du département avec les carrières de roche calcaire transformée dans les grands fours à chaux d’Airvault. Pour alimenter ces fours on utilise aussi le charbon extrait par la houillère de Saint-Laurs, plus tard rattachée à celle de Faymoreau.

 Avec le rail la circulation des produits devient plus facile, plus efficace et plus économique.

Très vite l’arrivée du train à Courlay provoque de vrais changements ; maintenant les habitants se déplacent vers les foires et les marchés, le commerce d’animaux et de tous les produits alimentaires s’organise. De petits commerces et entreprises se développent et bientôt des wagons arrivent en gare de Courlay pour  les établissements David, Cousseau, Kidur… Il y avait souvent six trains par jour, quatre de marchandises et deux de voyageurs. Le train était le moyen de transport fiable, accessible à tous, ainsi lors de sa session de 1922 le conseil municipal de Courlay a délibéré  : « sur la proposition de Monsieur le Maire, le conseil municipal prie Monsieur le Préfet de vouloir bien faire le nécessaire auprès de l’administration des chemins de fer de l’état pour que les voyageurs allant à Bressuire les jours de foire ou de marché, puissent avoir suffisamment de place au train de 8 heures. Au matin, vous pouvez compter une moyenne de 200 voyageurs qui veulent prendre le train et bien souvent ils sont à peu près complets en arrivant à Courlay. Il est arrivé quelques jeudis où ils se trouvaient 18 personnes dans le même compartiment. Nous comptons sur votre haute bienveillance pour donner suite à notre réclamation ». Chaque année s’organisait alors le départ pour le pèlerinage de Lourdes qui était un événement communal puisqu’il est écrit dans le bulletin paroissial de 1931 « La gare était extraordinairement animée en cette soirée du lundi. Plus de 100 pèlerins étaient venus s’y ʺenvagonnerʺ  pour Lourdes. Il y avait aussi, au départ, les parents ou les amis sans compter les curieux. »

Rapidement au milieu du bourg,  avec le développement des usines, la création des écoles et la progression rapide du trafic automobile le pont du bourg gène la bonne circulation car sa largeur est de 4m avec deux trottoirs de 0m50. Le 28 juin 1966 le service des ponts et chaussées du département des Deux-Sèvres a demandé à la SNCF de porter la largeur entre garde-corps à 9m (chaussée de 6m et 2 trottoirs de 1m50). 

La gare a fermé en 1968 en même temps que la fermeture de la ligne au trafic voyageurs. Le trafic marchandises a cessé en décembre 1989.

Lors d’une délibération en date du 25 juin 1974, le conseil municipal a décidé d’acquérir la parcelle de terrain correspondant à la gare, appartenant à la SNCF. Le 28 août 1974, Monsieur le préfet des Deux-Sèvres précise : « sont déclarés inutiles au chemin de fer, l’ancienne halle à marchandises de la gare de Courlay et le terrain attenant d’une surface de 12234m2 environ, repris au cadastre de la commune de Courlay. 

L’histoire du train à Courlay aura duré un peu plus de 100 ans… Aujourd’hui les promeneurs qui passent sur la voie verte peuvent observer les ouvrages d’art et les murs de soutènement mais aussi imaginer tout le travail que représentait alors, dans les années 1860, la construction d’une voie ferrée avec les volumes de terre creusées, élevées ou déplacées. Maintenant sur la voie verte, prenez le temps de rêver, d’imaginer le train, d’écouter ce qu’il vous raconte de la vie des constructeurs et de celle de notre pays…. Bonne balade dans notre histoire.

Jean-Luc JOUBERT

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